Autres énergies renouvelables

La neige de culture est-elle vraiment polluante ?

Le réchauffement climatique devenant de plus en plus inquiétant, les scientifiques prévoient un enneigement plus faible à l’avenir à cause de la hausse des températures. L’Observatoire pyrénéen du changement climatique estime d’ailleurs que l’épaisseur de la neige dans le massif central pourrait diminuer de moitié et les températures maximales moyennes augmenter. C’est pourquoi certaines stations de ski se sont mises à adopter la neige de culture. Cette pratique est-elle compatible avec le développement durable ?

Canon à neige et environnement

Le canon à neige est un dispositif fabriquant de la neige à partir d’eau et d’air projetés lors de températures adéquates, c’est-à-dire inférieures à 0°C. La consommation énergétique d’un tel procédé est significative. La France possède plus de 10.000 canons à neige, soit une consommation approximative de 108 millions de kWh.

Investir dans des canons à neige n’est pas sans conséquence : le coût financier non négligeable et l’impact sur les ressources en eau inquiètent les écologistes.

Consommation d’eau

Le cycle hydraulique est altéré, notamment lors des prélèvements en eau qui ont pour effet de modifier le volume d’eau présent dans la source, mais aussi lors du stockage et de la production, provoquant un déficit local temporaire en eau. En effet, lors de ce processus, près de 20% de l’eau peut être perdue par évaporation.

Pour contrecarrer cet effet d’évaporation, les stations de ski construisent désormais des retenues couvertes. Le captage d’eau se fait lors de la fonte des neige pour ne pas modifier le cycle de l’eau naturel.

Impacts sur les sols

La neige artificielle contient davantage d’eau que la neige naturelle. La neige ayant naturellement un effet isolant empêchant le sol recouvert d’atteindre des températures négatives, la neige artificielle, plus dense et plus durable, provoque alors l’augmentation de la température du sol. En effet, plus sa densité est élevée, plus la pression par unité de surface est conséquente et peut réduire la porosité des sols, entraînant ainsi sa perturbation et même créer des conditions d’anoxie.

Impacts sur la flore

L’eau utilisée par les canons à neige est particulièrement chargée en ions et a un pH plus élevé que la normale et pouvant entraîner un enrichissement minéral des sols et perturber le fonctionnement local des micro-organismes et des végétaux. Cela peut provoquer une diminution de la biomasse et le mauvais développement des plantes, créant une augmentation des phénomènes d’érosion. De même, une neige plus lourde et plus durable sera plus difficile à percer par les jeunes plants, qui subiront un manque d’ensoleillement.

Impacts sur la faune

Il existe deux impacts majeurs du canon à neige sur la faune. Tout d’abord, la modification de la flore et une biomasse insuffisante pourrait occasionner un manque de nourriture pour les herbivores et donc déséquilibrer de l’écosystème local. De plus, le bruit occasionné par le fonctionnement des canons est également à prendre en compte. En raison des températures plus fraîches, la production de neige artificielle se fait de nuit alors que la faune est plus active. Cela peut perturber leur comportement et leur faire perdre leurs repères.

Additifs et pollution

Certains pays utilisent un additif biologique consistant à pulvériser avec de l’eau des bactéries désactivées qui vont accélérer le processus de refroidissement de la neige pour une neige de meilleure qualité et possible au-delà de 0°C. Cependant, ces additifs, le plus connu étant Snomax, sont des concentrés de bactéries dont les résidus peuvent contaminer les êtres vivants. C’est pourquoi il est fortement recommandé que le personnel des pistes se protège lors du mélange de l’additif à l’eau. Son utilisation est désormais interdite en France. Enfin, il est également important de prendre en compte les pollutions indirectes causées par les machines, telles que les fuites d’huile ou la poussière créée par l’usure des pièces pouvant s’infiltrer dans le sol.

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